Voici 5 conseils de coach pour bien la vivre au travail

Vos sens sont souvent surstimulés ? Vous vivez des montagnes russes émotionnelles ? Vous êtes empathique ? Vous êtes peut-être hypersensible. Si cette particularité peut être une force, elle peut aussi être un frein, notamment dans le monde professionnel. Comment mieux vivre son hypersensibilité au travail ? Fanny Marais, coach et auteure de l’ouvrage Hypersensible : 10 séances d’autocoaching pour bien vivre sa singularité au travail, livre ses conseils.

« Hypersensibilité ». Nombreux sont ceux qui ont déjà entendu ce mot sans vraiment connaître son véritable sens. Pour certains, il renvoie à de la fragilité, à de la vulnérabilité ou encore à une maladie. En réalité, l’hypersensibilité est « une caractéristique, un trait de personnalité et non une pathologie », explique Fanny Marais, coach et auteure de l’ouvrage Hypersensible : 10 séances d’autocoaching pour bien vivre sa singularité au travail (éd. Vuibert).

Qu’est-ce que l’hypersensibilité ?

Cette sensibilité supérieure à la moyenne se traduit par trois axes principaux, selon la coach :

  • une charge sensorielle. Les hypersensibles peuvent être surstimulés au niveau des sens. « Quand cela touche les cinq sens, on parle d’hyperesthésie, mais certains peuvent avoir ‘seulement’ un odorat très développé, des difficultés avec une matière précise ou avec le bruit », détaille Fanny Marais.
  • une intensité émotionnelle. Les hypersensibles vivent bien souvent des montagnes russes émotionnelles et peuvent notamment avoir une grande capacité d’empathie en ressentant ce qui se passe chez les autres.
  • une ébullition des pensées. Les hypersensibles sont créatifs, ont de l’imagination et de l’intuition : ils perçoivent beaucoup de choses et traitent les informations en profondeur.

Hypersensibilité : une particularité qui peut être un frein dans le travail

Autant d’éléments qui constituent à première vue des atouts, mais qui peuvent également être des freins, notamment dans le monde du travail. L’hyperesthésie peut par exemple poser problème aux salariés hypersensibles qui travaillent en open space. Ils entendent littéralement tout ce qui se passe autour d’eux, non pas parce qu’ils ont une ouïe plus fine, mais parce qu’ils ont une perception plus large. Un phénomène qui peut entraîner des difficultés de concentration.

L’empathie des hypersensibles peut également être à l’origine de certaines difficultés dans le monde du travail. Ils ont parfois du mal à différencier ce qui relève des émotions des autres et ce qui relève de leurs propres émotions. « Il faut poser des limites et apprendre à écouter les autres sans vouloir les sauver », conseille la coach.

La créativité et l’imagination des hypersensibles peuvent aussi être perçues comme des points négatifs au travail, car ces particularités sont souvent associées à un fort besoin de diversité. « Les hypersensibles peuvent donc être vues comme des personnes instables alors qu’elles sont simplement très curieuses », explique Fanny Marais.

Quid de l’intuition des hypersensibles ? « Elle leur donne un coup d’avance, mais peut devenir un frein lorsqu’elle est mal communiquée, que ce soit à la mauvaise personne ou au mauvais moment », indique la coach. Un phénomène qui peut pousser les hypersensibles à rationaliser leurs intuitions et à ne plus les écouter.

Travail : 5 conseils pour faire de son hypersensibilité une force

Au travail, les hypersensibles peuvent donc être en décalage avec leur environnement. « Ils ont une candeur qui n’est pas toujours valorisée dans le monde de l’entreprise », précise Fanny Marais. Leur manière de fonctionner peut aussi être mal perçue par les autres. « Ils veulent simplement faire du bon travail, alors que cela ne suffit pas : il faut aussi communiquer sur le travail réalisé. Mais les hypersensibles n’aiment pas faire de la stratégie d’entreprise, ils voient cela comme un théâtre auquel ils n’ont pas envie de participer », explique la coach. Pour bien vivre cette hypersensibilité dans le cadre de son emploi, il existe des solutions. Fanny Marais livre 5 conseils pour y parvenir :

  • S’autoriser à sentir et à ressentir
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Les hypersensibles doivent chérir leur sensorialité et faire de leurs sens des atouts professionnels en se reconnectant par exemple à leurs ressentis physiques, qui vont guider leurs intuitions. Mais aussi en réhabilitant leurs émotions : « Il faut arrêter de vouloir les ‘gérer’. On ne peut pas ‘gérer’ ses émotions, car ce sont des signes de ce qui se passe en nous : ils sont constitutifs de ce que l’on est », indique la coach. Les hypersensibles ont des émotions intenses, qui peuvent donc déborder si elles ne sont pas écoutées. Mais même celles perçues comme « négatives », comme la colère par exemple, ont un réel intérêt : elles traduisent des besoins non satisfaits.

Pour identifier ces besoins et les traduire à autrui, Fanny Marais conseille aux hypersensibles de miser sur la Communication Non Violente. Exemple : votre manager vous fait un feedback négatif ? Plutôt que de ruminer, il est possible d’en discuter avec lui : « J’entends tes remarques, mais quand tu me dis que ce travail n’est pas convaincant, je ressens de la frustration car j’ai aussi besoin que tu reconnaisses ce que j’ai fait de positif. Pourrais-tu me dire ce qui t’a apporté satisfaction dans ce travail afin que je comprenne mieux ce qui pose problème et ainsi l’améliorer ? ».

  • Passer à l’action

Les personnes hypersensibles ont parfois tendance à repousser le moment de passer à l’action. Pour y parvenir, il est conseillé de définir ses objectifs. Exemple : vous avez besoin de communiquer avec votre manager de façon plus transparente ? Il convient de bâtir un plan d’action pour ne pas s’enfermer dans une relation de travail dans laquelle la communication est rompue.

Passer à l’action, c’est aussi travailler avec ses propres résistances. Et pour cause : les hypersensibles sont souvent perfectionnistes et méticuleux, ce qui peut se traduire par de la procrastination car ils estiment que leur travail n’est jamais assez bien. La solution ? « Lâcher le contrôle, en remplissant sa mission de façon parfaitement imparfaite », suggère Fanny Marais. Pour ce faire, les personnes hypersensibles peuvent par exemple se fixer une deadline pour accomplir une tâche et rendre le travail impérativement au moment prédéfini. « Il suffit d’essayer une fois pour se rendre compte que les feedbacks peuvent être très positifs sur un travail synthétique, même si celui-ci n’est pas parfait », ajoute la coach.

  • Nourrir l’estime de soi
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Passer à l’action a un autre intérêt : cela aide à avoir confiance en soi et à prendre conscience de sa valeur. « Le fait de revenir sur son accomplissement permet de s’accorder cette reconnaissance du travail fourni que l’on cherchait jusqu’alors dans le regard d’autrui », explique Fanny Marais.

Pour nourrir l’estime de soi, il est également important d’accepter sa part de vulnérabilité. « Oui, on peut pleurer au travail, oui, on peut ne pas savoir répondre à certaines questions », souligne la coach, qui précise qu’accepter ces réalités est une forme de courage.

  • Clarifier ses relations de travail

Pour clarifier ses relations de travail, il faut apprendre à mettre des limites et à dire « non ». « Les hypersensibles ont tendance à dire ‘oui’ à tout, car ils pensent que cela leur permettra d’être aimés », indique Fanny Marais. Mais bien souvent, cela produit l’effet inverse et les hypersensibles entrent dans ce que l’on appelle le « Triangle de Karpman », composé de la victime, du persécuteur et du sauveur.

Exemple : à la dernière minute, votre manager vous demande de lui rendre service en travaillant sur un dossier urgent à rendre le lendemain. Vous acceptez et laissez de ce fait de côté un autre dossier sur lequel vous devez également avancer. Vous rendez le dossier urgent à temps et lorsque votre manager vous demande où en est le dossier initial, vous lui dites que vous ne l’avez pas terminé. Une réponse qui peut vous être reprochée. « De sauveur, vous passez à victime et votre manager devient le persécuteur », explique la coach. Plutôt que d’accéder à une demande sans en avoir le temps, il est possible de refuser en argumentant : « Je suis navrée, j’aimerais t’aider, mais si je ne termine pas le dossier sur lequel je travaille, tu sais que je nous mets collectivement dans l’embarras ».

  • Devenir l’artisan de sa vie professionnelle

Devenir l’artisan de sa vie professionnelle, c’est se prendre en charge et s’interroger sur ses valeurs. « Chez les hypersensibles, les valeurs sont chevillées au corps, il est donc essentiel de ne pas les bafouer », assure la coach. Ils peuvent ainsi se poser les questions suivantes : comment choisir une structure dans laquelle mes valeurs vont être respectées ? Quelles relations ai-je envie d’entretenir avec mes collègues ? De quelle façon ai-je envie de travailler ? Comment ai-je envie de me sentir au travail ?

En fonction des réponses, plusieurs solutions sont envisageables : « Il est possible de se réinventer au sein de son entreprise en changeant de poste en interne, de se vivre en ‘multi’ en cumulant plusieurs activités ou de se mettre à son compte », explique Fanny Marais. Mais pour y parvenir, il est essentiel de comprendre ce qui se cache derrière ses croyances limitantes (du type : « l’entrepreneuriat ce n’est pas pour moi ») et d’aborder les choses sous un autre angle. « Il faut inventer sa propre façon de travailler afin que celle-ci soit en accord avec sa nature profonde », conclut la coach.