Aller au restaurant ensemble la première fois comporte son lot de situations gênantes. Entre les prix, les plats qui en mettent partout, l’addition… je me sens tendue. Petit guide de survie pour réussir le premier dîner sans gêne et profiter de cette rencontre prometteuse.

Les prix (un peu) élevés
La situation gênante : j’ai l’habitude de déguster des menus à huit euros (jambon beurre + boisson + excellent dessert) et m’accorde certains soirs (de fête) des tagliatelles aux deux saumons (quinze euros) à la brasserie du quartier. Face à mon prétendant, je découvre que le plat le moins cher est à trente-deux euros (omelette aux truffes). J’ignore qui de nous va payer. Je ne voudrais pas le ruiner (il a peut-être choisi ce restau pour faire bien) et je ne voudrais pas qu’il me ruine (je n’ai pas choisi ce restau tout court).

Comment je m’en sors : je peux prendre d’emblée la décision de payer (dans ma tête) comme ça je peux me lâcher (ou pas) sur le prix de mon plat. Je maîtrise au moins la moitié de l’addition. Sinon, je joue dans l’entre-deux, en prenant un plat au prix moyen qui me plaît, ni trop ni pas assez, qui permet de rester classique. Si monsieur est radin il ne trouvera pas que j’abuse et s’il est prêt à m’offrir un repas très cher payé, il pensera simplement que je chois ce qui me fait plaisir (je suis très dinde aux canneberges).

Le plat
La situation gênante : je sélectionne quelques plats aux prix corrects mais je suis désormais embêtée face à mes choix. Il y a les plats peu glamour (l’omelette est certes aux truffes mais dégouline), des plats bien gras (le burger au foie gras), des plats dangereux (à base d’herbe qui se coince entre les dents ou de sauce tomate qui reste au coin des lèvres) et des plats compliqués (les gambas se décortiquent, le poisson nécessite dix couverts différents).

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Comment je m’en sors : je retiens que l’essentiel est de me faire plaisir en mangeant proprement (je m’en sors généralement bien). Donc exit l’idée qu’il faut manger light ou hyper glamour, je privilégie un plat accessible et sans extravagance. L’omelette, c’est très bien et si elle est contient des herbes, je prends soin de ne  mettre aucun aliment à même mes dents, je ne souris plus si j’ai un doute et je fais une pause toilette pour vérifier.

La table voisine qui se bécote
La situation gênante : le couple d’à côté se prend la main sur la table et de commente leur merveilleuse rencontre. Ils ont deux mois d’avance sur nous (pour l’instant). Je me sens comme au cinéma avec un nouveau Jules pour la première fois, une scène érotique à l’écran et la gêne envahissante d’être face à des images que nous ne vivons pas encore.

Comment je m’en sors : je me concentre sur mon dîner, ma rencontre, mes étapes. Je fais abstraction de la table voisine en imaginant un mur dressé entre nous, tout en prenant garde de ne pas m’enfermer au point d’oublier le beau Jules devant moi. Si je n’y parviens pas, je n’ai qu’à le faire comprendre à mon prétendant en tournant la tête vers mes voisins dans un petit sourire gêné. Il y a fort à parier qu’il trouve ça attendrissant et me prenne la main quand ils seront partis.

L’addition
La situation gênante : on demande l’addition et jusque-là, nous sommes d’accord, nous allons régler. Mais qui ? Cela me fait plaisir de l’inviter, cela me fait plaisir d’être invitée, faire moitié-moitié me semble aussi convenable mais moins symbolique pour un premier rendez-vous. Sinon, est-ce que je sors des tickets restau ?

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Comment je m’en sors : je ne me pose pas mille questions. Si j’ai envie de l’inviter, je sors de suite ma carte-bleue. Evidemment, le débat va vite s’ouvrir (non moi, non moi, non moi, alors toi la prochaine fois). Peu importe, c’est normal quand on se rencontre. Je laisse faire l’instant, le débat est presque mignon. On a tout le temps d’être parfaitement équilibré au centime près : dans deux ans de relation et un toit commun, on tiendra un tableau Excel plutôt morne.

L’au-revoir
La situation gênante : nous sommes à deux minutes de nous quitter, j’ai l’impression qu’on sait tous les deux que nous allons rentrer ensemble mais nous attendons chacun que l’autre propose. Ou bien, je suis en plein rêve, nous allons rentrer séparément, auquel cas je ne sais pas si je dois tendre la joue, la bouche ou les bras. Bref, rester en place ou lui sauter dessus, j’hésite.

Comment je m’en sors : je lâche prise, tout simplement. C’est normal d’être gênée, c’est normal d’hésiter, c’est normal de pas parvenir à proposer franchement un dernier verre. C’est aussi ça, la magie des débuts, cette timidité innocente qui nous rend toutes et tous un peu maladroits. Alors si je n’ose pas prendre d’initiative, je me contente de lui dire que j’ai passé un excellent moment, je lui souris, je reste près de lui, je fais en sorte de le mettre en confiance et de le rassurer pour qu’il dise ou fasse ce que je n’ose pas dire ou faire.

Source : Journal des Femmes