Faire du sport c'est le bon moyen pour prévenir la maladie d'Alzheimer
Que l’on soit sain ou déjà atteint d’une démence, l’activité physique, même modérée, protège du déclin cognitif.

L’accroissement de la longévité a de tristes revers puisqu’elle s’accompagne notamment d’une augmentation constante des cas de maladie d’Alzheimer. Actuellement, 34 millions de personnes dans le monde sont atteintes de cette forme de démence et, si la tendance se poursuit au même rythme, ce nombre pourrait être trois fois plus important en 2050.

Le constat est d’autant plus inquiétant que l’on ne dispose toujours pas de médicaments réellement efficaces pour lutter contre cette maladie. Pourtant, il y a quelques raisons d’espérer car, comme le souligne Nikolaos Samaras, chef de clinique à l’Unité de gériatrie de liaison des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), «il existe des moyens de prévenir la maladie d’Alzheimer, bien avant l’arrivée des premiers symptômes». Et parmi eux, l’exercice physique figure en bonne place.

Eviter quelques millions de nouveaux cas

A l’appui des ses affirmations, le gériatre genevois cite une étude américaine parue en 2011 dans le Lancet. Les psychiatres et neurologues de l’Université de Californie ont en effet calculé qu’on pourrait prévenir l’apparition de la maladie chez 1 à 3 millions de personnes à l’échelle mondiale, rien qu’en réduisant de 10 à 25% la prévalence de 7 facteurs de risque de la démence. Il s’agit du faible niveau d’éducation, du tabagisme, de la sédentarité, de la dépression, de l’obésité, de l’hypertension artérielle et du diabète sucré.

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Certains de ces paramètres sont plus faciles à contrôler que d’autres. Mais il en est un qui est à la portée de tous: éviter la sédentarité.

Le cerveau protégé

Aussi étonnant que cela paraisse au premier abord, l’exercice physique semble pouvoir protéger contre le vieillissement cérébral. «Les mécanismes responsables de ces bienfaits ne sont pas encore complètement élucidés», précise le spécialiste des HUG, mais plusieurs hypothèses sont avancées.

L’activité physique pourrait intervenir en diminuant, dans le cerveau, le stress oxydatif. Ce dernier est en effet suspecté de précéder et de participer à la formation des plaques amyloïdes, ces lésions spécifiques de la maladie d’Alzheimer.

Par ailleurs, pendant l’exercice, les cellules musculaires sécrètent des substances anti-inflammatoires. Rien de tel pour lutter contre les protéines inflammatoires présentes dans le cerveau des malades où elles favorisent la formation de plaques amyloïdes.

Le sport est aussi connu pour son action bénéfique sur le système cardiovasculaire, dont les troubles sont des facteurs de risque pour les démences. Mais «plus extraordinaire encore», selon Nikolaos Samaras, il agit directement «en augmentant, dans l’hippocampe, la sécrétion de facteurs de croissance qui protègent les neurones.»

Bénéfices à tous les stades

Quels que soient les mécanismes impliqués, de nombreuses études ont montré que l’exercice physique est bénéfique pour prévenir la démence. L’une d’elle, publiée récemment par des médecins italiens est particulièrement convaincante. Cette méta-analyse synthétisait en effet les conclusions de 15 études faites sur ce sujet – ce qui représentait, globalement, le suivi de près de 34.000 patients. Les auteurs en concluent que, comparées aux sédentaires, «les personnes ayant une activité physique intensive avait un risque de développer des troubles cognitifs diminué de 38%, et celles pratiquant une activité modéré, de 35%», souligne le spécialiste des HUG.

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Mieux encore, selon des psychiatres américains de l’Université d’Illinois qui ont suivi des personnes âgées saines pendant 13 ans, celles qui font régulièrement de la marche diminueraient de moitié leur risque d’avoir des troubles cognitifs.

Il n’y a pas donc pas d’âge pour commencer à  bouger et profiter des bienfaits que cela apporte. Cela vaut aussi pour les personnes qui montrent les premiers signes de perte de mémoire et présentent un haut risque de développer la maladie d’Alzheimer. Et même pour celles qui souffrent déjà d’une démence, comme l’ont montré des chercheurs français de l’Université de Poitiers. Après avoir fait faire de l’exercice physique, 3 fois par semaine pendant 3 mois, à des habitants d’une maison de retraite âgés en moyenne de 82 ans, ils ont observé une amélioration de leurs performances cognitives. Et Nikolaos Samaras de conclure que «l’activité physique protège contre l’apparition d’une démence, mais elle apporte aussi des bénéfices aux patients ayant déjà développé la maladie».