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La musicothérapie: c’est guérir par la musique

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Vous avez sans doute remarqué combien certaines musiques vous redonnent du courage, vous rendent songeurs ou bien encore vous poussent à enlacer votre partenaire… La musique peut nous émouvoir, et bien plus encore… Elle aurait même de véritables vertus pour la santé. L’occasion de faire un point avec la psychanalyste et musicothérapeute Edith Lecourt sur une méthode encore peu connue et notre mystérieuse nature musicale.

Le célèbre psychiatre et neurologue Oliver Sacks doit à la musique son retour à la mobilité après une mauvaise chute d’escalade qui le priva de l’usage d’une de ses jambes. Or pour les musicothérapeutes, le corps humain est comme un instrument de musique, une caisse de résonance avec son ossature, sa musculature, ses cordes vocales, qui vibre au diapason de ce qui l’entoure. La musique est cet alliage de mélodie et de rythmes à laquelle nous vibrons et nous réagissons, qui nous permet de nous évader, nous exprimer et nous guérir aussi.

Musique et motricité

Que la musique permette de retrouver une mobilité là où elle était devenue réduite peut paraître étrange. Il n’en est rien ! « Notre corps serait organisé autour d’une polyrythmie très complexe qui tour à tour s’harmonise, se complète ou bien se contrecarre. La mobilité est également sous-tendue par ces rythmes », nous explique la psychanalyste et musicothérapeute Edith Lecourt. Dans le cas de dysfonctionnement moteur, s’il est conséquent à un accident, la musique et son jeu rythmique peuvent permettre de  se « dégager » du biologique. En syntonie avec le son, le corps peut alors « vibrer », réagir et retrouver la mémoire du mouvement. Sacks en a fait l’expérience et dans certains centres, on utilise la musique pour tenter d’aider des parkinsoniens incapables de se mouvoir.

Musique et émotion

Grande joie pour un mariage, douleur d’une rupture ou d’un deuil, une colère envahissante… Nous ne sommes pas toujours à l’aise avec nos émotions. Avouons que nous avons souvent peur d’être débordé. « La musique agit alors comme un contenant », assure la musicothérapeute. Elle permet à la fois de les ressentir, en écho, de les reconnaître aussi. Ce média musical ouvre un champs très vaste dont les interprétations peuvent diverger selon les individus.

« Ce lien émotionnel avec la musique provient du fait que nous arrivons au monde avec une histoire musicale. Notre nature est musicale », explique Edith Lecourt. Dans le ventre de notre mère, nous sommes programmés musicalement que ce soit en termes de détente ou de tension. L’audition s’active à la phase fœtale, et le bébé peut percevoir les sons et les vibrations à travers l’ouïe, mais aussi sa peau et ses os. À notre naissance, l’environnement sonore continue à jouer son rôle : la façon dont vont être scénarisés nos cris et autres babils est déterminante. Que l’on soit encouragé ou à l’inverse brimé dans notre expression va induire notre rapport aux émotions, aux sensations aussi, notre sensibilité et notre intelligence créatrice. À ce titre  la musique peut rétablir un champs émotionnel et donc de ressenti endommagé par un traumatisme, ou bridé.

La musique comme thérapie

La musicothérapie fait partie de l’ art thérapie, tout comme le chant, la danse, la peinture… Elle s’intéresse avant tout au paysage sonore de la personne pour lui permettre de mieux se connaître, de mieux gérer son patrimoine émotionnel et de guérir ce qui a besoin de l’être. Elle repose à la fois sur l’écoute de musique existante et l’improvisation avec des instruments. Il y a bien sûr un travail d’élaboration verbale, mais la dimension sonore et musicale est centrale. Un bon praticien connaît un large répertoire (baroque, pop, chants grégoriens, populaires) dans le but de proposer des musiques auxquelles la personne peut s’identifier. Les affinités sont très personnelles, chaque morceau peut avoir des effets spécifiques, en fonction de l’ histoire du patient.

La musique pour de meilleures relations

« La relation est au centre de soi et de l’autre », énonce Edith Lecourt. De la même manière que l’on va chercher entre deux adultes à trouver la bonne distance, le silence, ou à accorder nos rythmes, la musique recherche cette relation entre les notes pour faire jaillir la bonne partition. Elle va donc pouvoir agir sur des dysfonctionnements relationnels au sein du couple, des adolescents avec leurs parents, un trop plein d’agressivité ou de mélancolie. En cas de dépression aussi, la musicothérapie peut se révéler une aide précieuse.

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